Blog de skalpa

lundi 25 juin 2007

Le Forum des Droits sur Internet putché ? Qui s’en soucie ?

source agoravox

«Le journalisme consiste pour une large part à dire "Lord Jones est mort" à des gens qui n’ont jamais su que Lord Jones existait.»
Gilbert Keith Chesterton

"Organisme mis en place par le gouvernement Jospin fin 2000 pour contribuer à la co-régulation d’internet, le Forum des Droits sur Internet (FDI) est un OVNI dans le paysage administratif français.Association loi 1901 principalement financée par les pouvoirs publics mais revendiquant son indépendance sur son site internet, le FDI est présidée par une conseillère d’État contrôlée dans son action par des acteurs privés marchands et non marchands élus par leurs pairs(...)

Malheureusement, depuis quelques semaines, le FDI est entré dans une zone de turbulences venant de l’intérieur et dontla nature se révèle problématique pour son avenir car touchant à son fonctionnement démocratique et à la neutralité de sa présidente, piliers incontournables de sa légitimité.



Le 11 juin dernier, au cours d’une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE),plusieurs membres du Collège Utilisateurs du FDI (APRIL, FSF France, OUI,villes Internet, Wikimedia France) ont ainsi fait inscrire sur le procès-verbal de séance qu’ils contestaient la façon dont une modification de statuts avait été adoptée.

D’après Gérald Lorence, auteur du blog Quelques Watts de Plus, la modification litigieuse permettrait à l’actuelle présidente du FDI, Mme Isabelle Falque Pierrotin, par ailleurs conseillère d’état, commissaire à la CNIL et délégué général du FDI, de conserver la présidence du FDI pour un troisième mandat consécutif de trois ans.

Cependant, même si la présidente du FDI est apparemment soutenue par la majorité des membres du Conseil d’Orientation (dont plusieurs ont déjà bénéficié de la modification qu’elle leur a fait voter), rien n’est acquis.

L’association APRIL, qui défend les logiciels libres, a annoncé dans un compte-rendu publié sur son site internet qu’elle se réservait le droit d’entamer toute action relative au déroulement de la dernière AGE.

L’APRIL considére que l’adoption de la modification des statuts, et donc les
réélections qu’elle a rendues possibles, l’ont été en violation des statuts et du réglement intérieur du FDI(...)



La Ligue ODEBI
, une virulente association d’internautes, a décidé de s’en mêler mettant explicitement en cause la présidente du FDI.

Selon le porte-parole d’ODEBI, repris par G. Lorence, Mme Falque-Pierrotin se serait retrouvée obligée de passer en force le 11 juin car elle n’a pas pu obtenir en avril le poste de présidente de la Commission Nationale de
Déontologie des Services en Ligne. Cette commission qui n’a jamais dépassé le stade de projet est un serpent de mer administratif qui resurgit régulièrement des cartons du Conseil d’État et qu’ODEBI se targue d’avoir "abattu en vol" lors de sa dernière apparition.

Et la Ligue de conclure avec son sens des nuances si particulier, « ce putsch de Falque-Pierrotin enterre définitivement le FDI, et malheureusement, le concept de corégulation qu’il portait au départ. »

Si cela est vrai, la majorité a du souci à se faire car comme l’a démontré l’épisode de la loi DADVSI, et comme l’ont reconnu tous les candidats à la présidentielle, le politique - rarement internaute - n’arrivera pas seul à réguler les usages d’ internet. Trop changeants, trop divers, trop pervasifs. Toutes ses échappées belles pour lutter contre la contrefaçon numérique ont d ’ailleurs échoué, rattrapées par la réalité.



Seule la multiplication des points de vue et des confrontations au sein d’une structure ouverte et démocratique qui émet des recommandations inspirant effectivement les pouvoirs publics, pourra permettre d’élaborer des règles pérennes et consensuelles.

Dès lors, vu les enjeux, et même si l’affaire est délicate tant les susceptibilités sont grandes dans le milieu associatif de l’internet français,le gouvernement devrait veiller à ce que le FDI ne s’enfonce pas dans une voie si étroite qu’il ne puisse plus se retourner. Sauf bien sûr à aimer jouer sans médiateur sur le Net avec les électeurs ... Pas dit qu’il apprécie. Renaud Donnedieu De Vabres en tout cas s’en souviendra longtemps.



Si l’ancien ministre de la culture avait utilisé le FDI dans le cadre du travail préparatoire à la rédaction du projet de loi DADVSI au lieu de faire confiance à une commission administrative comme le CSPLA, verrouillée par quelques acteurs économiques et fonctionnaires obtus (et logiquement d’ailleurs puisque ceux-ci conservent leur poste indépendamment des élections et des remaniements), peut-être l’ancien ministre de la culture aurait évitéla fronde historique et l’humiliation publique associée que son projet a engendré sur internet.


Peut-être aussi RDDV n’aurait-il pas été battu dimanche dernier à 666 voix près dans une circonscription tenue depuis 49 ans par la droite. Certains internautes locaux ont visiblement eu la mémoire vive et le blog agressif pendant la campagne...

Voilà en tout cas une leçon à méditer pour le nouveau pouvoir politique àl’approche du réexamen annoncé de la si contestée loi DADVSI et au moment où le FDI vacille sur ses fondamentaux."

Après la télé et la presse écrite, bientôt le net....

1 commentaire:

sKaLpA a dit…


LEMONDE.FR | 22.06.07


Polémique sur le renouvellement de la direction du Forum des droits de l'internet
"Les signaux contradictoires émanant des pouvoirs publics, les intérêts
divergents et l'absence de coordination entre les différents ministères chargés du projet de décret portant sur la création d'une "commission de déontologie des services en ligne", ainsi que le changement de gouvernement ont créé un climat "fondamentalement déstabilisant", estime Isabelle
Falque-Pierrotin, qui préside le Forum des droits de l'Internet (FDI) depuis sa création, en 2001.

Le 13 juin, le FDI a donc modifié ses statuts afin d'autoriser un prolongement du mandat de ses représentants, à qui il était interdit de se représenter plus
de deux fois. Isabelle Falque-Pierrotin, ainsi que l'Union nationale des associations familiales (UNAF), membres du conseil d'orientation du FDI depuis
ses débuts et qui n'auraient donc pas pu se représenter cette année, voient ainsi leurs mandats renouvelés pour trois ans. Jean-Pierre Quignaux, le représentant de l'UNAF, estime qu'Isabelle Falque-Pierrotin est "la personne qui a le mieux porté cette forme d'intelligence collective aux niveaux national et international" et que ce n'est pas le moment d'en changer.

ÉQUILIBRE "BRISÉ"

Mais un des membres du collège des usagers du FDI, l'association de défense des logiciels libres April, conteste les conditions de ce renouvellement. Elle rappelle que les statuts du FDI prévoient que les trois quarts des suffrages
exprimés du collège des acteurs économiques d'une part, et du collège des usagers d'autre part, doivent se prononcer en faveur d'une réforme pour qu'elle soit validée. Le quorum n'a pas été atteint au sein du collège des
usagers, mais le vote a finalement été entériné au motif que, tous collèges confondus, les trois quarts des votants ont bien voté pour la modification des statuts, et donc le prolongement des mandats.

Pour April, c'est la preuve que "le collège des acteurs économiques peut écraser celui des utilisateurs", ce qui "brise l'équilibre du FDI" et risque de porter atteinte à l'intérêt général, dans la mesure où ces représentants entérinent bien plus facilement, "le doigt sur la couture du pantalon", les desiderata du gouvernement ou des lobbies industriels.

Pour Isabelle Falque-Pierrotin, c'est un faux procès : "On a fait trois foisdes modifications de statut, et on a toujours fait comme ça", substituant à larègle du vote par collèges le "vote global". Elle rétorque également quel'égalité entre "intérêts marchands et non marchands" est un des fondements du
FDI, et qu'April et les autres représentants des utilisateurs ont, parailleurs, "les mêmes voix que Google, Yahoo! et Vivendi".

Mais tous se retrouvent pour reconnaître les vertus du FDI, "fabrique de consensus" pour April et modèle d'"ingénierie de la concertation" pour l'UNAF,
dont le travail est d'ailleurs unanimement loué, en France comme à l'étranger.
La question reste de connaître la place que cette structure, mise en
difficulté par l'ancien gouvernement, occupera auprès du nouveau.

Jean Marc Manach"

Liens vers d'autres blogs

Les derniers "comment taire"?

Ca colle?

*

Petite bannière du blog